Résumé de l’intervention : Olivier Biencourt questionne la fermeté de l’engagement municipal sur la non-augmentation de la taxe foncière 2023, pointant l’évolution des formulations de la majorité d’une « affirmation claire » vers un « on va essayer, on va tendre à ». L’économiste critique également l’approche de la majorité face à l’inflation, alertant sur le risque de la percevoir comme purement conjoncturelle alors que des facteurs structurels durables (greenflation, fin de la mondialisation, vieillissement) pourraient nécessiter une révision des hypothèses budgétaires futures. Il souligne que les difficultés budgétaires touchent aussi les ménages manceaux, qui n’ont pas la possibilité de « se retourner vers quelqu’un ».
Intervention d’Olivier Biencourt :
Une remarque sur votre affirmation de ce jour que je partage, si je la comprends, c’est-à-dire l’annonce que vous faites de ne pas augmenter le taux de la taxe foncière en 2023. Au fur et à mesure des interventions qui ont été soit les vôtres, Monsieur le Maire, dans votre propos liminaire, soit celles de Serge, les formulations ont été d’une affirmation claire à une affirmation qui est « on va essayer, on va tendre à ». Bien sûr, « tendre à » est déjà un bon début, mais puisque nous sommes dans un débat d’orientation, je pense que l’orientation qui me semblerait le plus souhaitable est celle d’y parvenir. C’est donc une incitation à y parvenir, et parce que les efforts doivent être faits, de privilégier les autres leviers.
Christophe disait tout à l’heure, soulignant les efforts faits dans le contexte que l’on connaît, que la Ville consomme moins, mais dépense plus à cause du coût de l’énergie, etc. Je pense que tous les ménages manceaux peuvent le dire. Cela veut dire que le problème d’équilibre budgétaire des ménages manceaux, nous l’avons tous – avec l’impossibilité de se retourner vers quelqu’un.
Je voudrais juste dire que sur le discours qui est le nôtre aujourd’hui et les problèmes qui sont les nôtres sur l’inflation, il est peut-être prudent de ne pas la percevoir comme une inflation purement conjoncturelle. Bien sûr, il y a des facteurs et des éléments d’inflation conjoncturels dans ce que l’on connaît, liés notamment à l’invasion de l’Ukraine en février dernier par le Président POUTINE. Il y a cet élément conjoncturel, mais au-delà, un certain nombre de travaux de collègues qui tendent à montrer que nous avons de fortes présomptions d’éléments structurels dans l’inflation actuelle.
Un rapport de la BCE tend à le montrer, avec ce qu’elle appelle la « greenflation » et aussi… comment avons-nous géré la moindre inflation salariale depuis des années ? On l’a gérée par des délocalisations de plus en plus lointaines dans les pays à bas coût et on est peut-être au bout de ce processus de mondialisation et d’externalisation des produits à bas coût. Ce phénomène est peut-être terminé. Le vieillissement de la population est aussi un sujet qui interpelle.
En tout cas, il y a un phénomène conjoncturel, sûrement pas que, et cela veut dire que si les vieux comme moi ont bien sûr connu une période dans les années 80 d’inflation à deux chiffres, les jeunes ont oublié, et la période que l’on vit n’est peut-être pas une parenthèse qui va se refermer. Peut-être que dans des exercices de construction budgétaire à venir, il faudra le faire.
Je vous remercie.