DOB 2025 au Mans : le groupe CÉS dénonce la dette et les priorités

Lors du débat d’orientations budgétaires 2025, les élues du groupe CÉS ont exprimé de fortes inquiétudes sur la trajectoire financière de la Ville. Jacqueline Rousseau a souligné la baisse continue de l’épargne nette, le recours croissant à l’emprunt et l’augmentation de l’endettement. Elle a demandé des précisions sur le surcoût des investissements liés à l’inflation, la répartition des dépenses du Plan Pluriannuel d’Investissement, et l’insuffisance des moyens consacrés à la solidarité, la santé, le handicap ou encore la transition énergétique. Marietta Karamanli a, de son côté, dénoncé une contradiction entre les discours du maire et les chiffres de désendettement présentés, tout en rappelant que certains besoins, notamment sociaux et sanitaires, relèvent davantage du fonctionnement que de l’investissement. Ensemble, elles mettent en cause la hiérarchie des priorités municipales et appellent à plus de transparence et d’équilibre budgétaire.


Mme J. Rousseau :

Monsieur le Maire, chers collègues, la discussion d’orientations budgétaires s’inscrit dans un cadre encore incertain, du fait des évolutions économiques au plan national dans le projet de loi de finances 2025, mais aussi du fait de la conjoncture internationale. L’augmentation prévisible du déficit budgétaire américain aura possiblement pour effet une hausse des taux d’intérêt mondiaux et des coûts d’emprunt en Europe. De façon générale, les constats formulés lors des précédents DOB sont confirmés pour l’année à venir.

S’agissant de la politique d’investissement, nous constatons à la fois une baisse significative et continue de l’épargne nette — 4,6 M€ prévus en 2025 contre 5,1 M€ en 2024 —, la poursuite du recours à l’emprunt avec 8 M€ en 2025 et 11 M€ en 2026, ainsi qu’une augmentation de l’encours de dette qui atteindra 89,8 M€ en 2026, soit 2,1 M€ de plus qu’en 2024. Dans ce cadre, la capacité d’autofinancement diminue et pèse sur les capacités de financement futures. L’encours de la dette traduit l’effort d’investissement de la Collectivité, mais il convient aussi de prendre en compte l’évolution globale au niveau de l’EPCI, sachant que les contribuables du Mans le sont également pour les autres collectivités.

Nous avons donc quelques questions. Pouvez-vous préciser l’impact du renchérissement, ces deux dernières années, des coûts d’achat de biens durables, de constructions, d’aménagements de bâtiments ou d’infrastructures ? Autrement dit, de quels montants supplémentaires non prévus initialement les dix investissements ont-ils été augmentés ? Quel est le montant total des réévaluations ainsi faites ? De plus, quelles anticipations sont prévues pour les travaux à venir ?

Le Plan Pluriannuel d’Investissement est un outil de pilotage et un instrument de prospective financière. Le regroupement des priorités et des thématiques traduit un choix politique. Ainsi, 7,7 M€ sont alloués au rayonnement de la Ville, incluant patrimoine, infrastructures, jardins liés à des monuments et rénovation thermique de bâtiments. Pourriez-vous préciser la période d’investissement initiale prévue pour ces dépenses ? Sur combien d’années cet effort sera-t-il réparti ?

En 2025 et 2026, 2,2 M€ seront consacrés à la solidarité et à l’action sociale (4 % du PPI) et environ 2,5 M€ à la sécurité, santé et citoyenneté (4,5 % du PPI). Dans le premier cas, il s’agit de travaux extérieurs sur deux maisons de quartier ; dans le second, du réaménagement d’un EHPAD. D’autres aménagements sont-ils envisagés, compte tenu des besoins identifiés ? En matière de prévention, médiation et sécurité, 852 K€ sont inscrits : que recouvrent-ils ? Concernant le handicap, 32 K€ sont prévus : concernent-ils l’accessibilité des lieux publics et bâtiments pour les personnes à mobilité réduite ? Ces précisions ont-elles été établies avec les associations concernées ?\n\nEnfin, bien que diverses thématiques incluent une part de transition énergétique, nous ne disposons pas d’une vision transversale des investissements en la matière. Une synthèse relative à la sécurisation, à la mobilité douce et à la sécurité des personnes est-elle envisagée ?

Je vous remercie par avance de vos précisions.


Mme M. Karamanli :

Je ne pensais pas intervenir, puisque nous avons travaillé collectivement au sein du groupe et posé un certain nombre de questions. Mais en écoutant notre collègue Christophe Counil et en regardant le tableau projeté, je constate une contradiction manifeste. Ce tableau montre clairement la capacité de désendettement : depuis 2020, nous tendons vers le seuil limite de référence de 12 ans. Nous sommes aujourd’hui à 7 ans et 2 mois. Or, dans le même temps, un certain nombre de domaines ont été transférés à Le Mans Métropole, ce qui contribue à soulager la centralité assurée par la Ville pour l’ensemble des communes.

Je ne peux donc pas accepter le propos qui vient d’être tenu, car il est en contradiction avec les données objectives. La presse et le public présents peuvent eux-mêmes le constater à travers la diapositive. Nous nous inscrivons donc en désaccord avec cette présentation.

Par ailleurs, nous reconnaissons que la situation n’est pas simple, et nous l’avons dit. Il est encore tôt pour évaluer les effets du budget de l’État. Nous avons noté que, même si nos collègues sénateurs ont réussi à réduire l’effort exigé des collectivités, celui-ci reste très important, pour les collectivités comme pour les Français.

Enfin, si nous reconnaissons une volonté d’investissement, nous soulignons que, dans des domaines comme le social, la santé ou la sécurité, ce sont davantage les dépenses de fonctionnement et d’intervention — via les subventions — qui importent. Cet équilibre doit être pris en compte dans l’analyse du DOB présenté ce soir.

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